Depuis près de six mois, la planète Finance vit une très sérieuse crise dont l'ampleur a sans doute échappé à la plupart d'entre nous. Dans un entretien pour le JDD, Attali remet les choses en perspective et agite même le spectre de la crise de 1929 pour décrire les bouleversements financiers actuels. Cet article est intéressant car il souligne également l'inéxorable déclin de l'empire américain, englué dans une politique impériale dont il n'a tout simplement plus les moyens financiers. Contrairement à la guerre du Vietnam, dont le coût avait été partagé par l'ensemble des pays occidentaux en remplaçant l'or par le dollar, la seconde guerre du golfe ne sera payée par personne, ni par les Européens qui ont renoncé à ce mode de croissance, ni par les Asiatiques dont les énormes réserves en dollars finiront bien par être revendues. L'autre point intéressant de l'article est la question de l'inflation. Pendant mes études, l'un de mes profs d'économie parlait de la période post-1974 comme la "revanche des créanciers", par opposition aux trente glorieuses qui s'étaient avant tout faites au profit des "débiteurs". Concrètement, en faisant passer l'inflation (environ 2%) sous les taux d'intérêt (environ 4%), on opte pour une société dans laquelle il est plus facile de s'enrichir par la rente que par le travail. Inspirées des théories neolibérales de l'école de Chicago, la lutte contre l'inflation est le socle de la politique de la banque centrale européenne et a désormais un caractère constitutionnel. On pourrait en débattre, s'interroger sur les gagnants et les perdants d'un tel système mais sous couvert d'une vérité quasi scientifique, le débat économique est désormais sorti du champs politique. Ce petit billet d'humeur n'est pas bien écrit, un peu déstructuré mais j'ai le sentiment que derrière les remarques d'Attali se cache le malaise des trente dernières années, une période que je qualifie de "trente piteuses" et cumulant croissance molle, spleen collectif et absence totale de débat sur notre société post-industrielle, comme si la fin des idéologies s'était également accompagnée d'une fin de la réflexion.