jer.me : le blog de Jérôme Bouteiller
L'urinoir de Marcel Duchamp
L'urinoir de Marcel Duchamp
J'ai un avis assez critique sur l'art contemporain. Pour résumer, je pense que l'artiste a pris le dessus sur l'œuvre et que son but n'est plus de faire du "beau" mais essentiellement du "nouveau". Quand on regarde de plus près ce milieu, on comprend que la valeur d'un artiste n'est d'ailleurs pas toujours très objective. Elle repose le plus souvent sur l'importance que lui accordent quelques grands relais d'opinion (journalistes, experts, autres artistes..), eux-mêmes influencés par de grands mécènes, qui ont bien évidemment un intérêt économique à promouvoir un artiste plutôt qu'un autre. Prenons l'exemple d'un François Pinault, désignant un jeune peintre dont il est le client comme un grand "artiste". Immédiatement, sa cour personnelle relaye son opinion et en quelques années, ce peintre devient une célébrité, d'autant que ses œuvres ont de fortes chances de se retrouver dans le propre musée privée du milliardaire français. La boucle est bouclée.

Tout ça pour dire que j'ai parfois tendance à penser que ces mécanismes s'appliquent également au web 2.0. Même si la majorité de ces jeunes pousses cherchent à devenir de vraies PME, avec de vrais revenus, quelques unes se comportent un peu comme des tableaux d'art contemporain. Objectivement, elles ne sont pas si innovantes que ça, mais puisque quelques milliardaires du web, qui ont des parts à leur capital, décrètent que ces projets sont formidables, tout un tas de relais (journalistes, analystes, blogueurs influents) s'empressent complaisamment de reprendre ce point de vue, sans prendre beaucoup de recul. Un mécanisme qui donne en tout cas beaucoup de visibilités à certaines jeunes pousses qui finiront d'ailleurs à leur tour au musée des milliardaires : la bourse.